Préambule au choix d'une bulle
Avez-vous déjà observé l’application avec laquelle les enfants remuent leur tube d’eau savonneuse et soufflent dans le cercle pour former des bulles ? D’où vient cette fascination des petits pour les bulles ? Possèderaient-ils déjà l’intuition du caractère précieux de la bulle ?
Une bulle… le mot lui-même évoque une légèreté toute aérienne, beaucoup plus, d’ailleurs, que son équivalent britannique bubble qui suggère plutôt un clapotis confus. Et cette façon de capter la lumière, de jouer avec le spectre des couleurs, d’en diluer les teintes et de composer ainsi la plus étonnante des aquarelles naturelles… La bulle attire par sa transparence : elle laisse entrevoir, à travers un miroir irisé, un univers inaccessible et pourtant ô combien convoité !…
Qui, en effet, n’a jamais rêvé d’être l’occupant privilégié d’une bulle ? Une bulle d’air, une bulle de tranquillité, une bulle de silence… Une bulle rien qu’à soi, l’espace d’un instant. Une bulle de paix qui nous fasse oublier toutes les autres bulles dévoyées qui envahissent notre quotidien… à commencer par le bulletin de notes ou d’information, qui ont souvent le don de nous mettre en ébullition, sans parler des airs de pit-bull du patron ou de notre associé mou comme un bulot… Les vains conciliabules ne font rien à l’affaire et notre lutte moderne est celle d’un bidibule contre des bulldozers.
Une bulle donc.
Mais une bulle où l’on peut librement s’exprimer, une bulle de BD.
Une bulle où l’on peut errer sans but, une déambulation.
Une bulle où il fait bon respirer… un globule.