Quand la Ville Rose rougit de bonheur
Cela faisait longtemps que la place du Capitole m’appelait. Toulouse et moi, c’est une grande histoire d’amour ; où que je me trouve dans le monde, j’ai l’âme de cette ville toute entière en moi. Mais là, impossible de rater l’occasion… Toulouse, la belle Occitane frondeuse, recevait jeudi Jean-Luc Mélenchon pour son deuxième meeting en plein air. Je connais mes petits frères toulousains et leurs goûts pour les grandes manifestations : je savais qu’ils ne me décevraient pas. Ce fut même au-delà de mes espérances.
Dès midi, la ville frémit de ce souffle si particulier des grands événements attendus. Fidèles à eux-mêmes, les quais de la Garonne ressemblent à une aquarelle grandeur nature, où le rouge des briques et le gris-bleuté du ciel d’avril se diluent dans le fleuve. Sur les berges, promeneurs et étudiants se croisent ; au loin, un drapeau du PCF est hissé. Au-dessus des quais, un drapeau du Front de gauche apparaît à la porte d’un immeuble cossu. Quelque part, le long de la promenade Henri Martin, un poème est vissé dans la brique toulousaine. Nous le lisons et échangeons des regards sceptiques : ce sont de jolis mots, oui, mais l’assemblage de jolis mots ne fait pas la beauté du poème s’il ne provoque pas de vibrations. Il n’est pas donné à tout le monde de savoir faire bleuir les oranges… De même, rares sont ceux capables de faire du discours électoral un instrument d’éveil plutôt qu’une machine à assoupir les consciences à coups de mots aseptisés.
Nous arrivons donc par les quais : la place du Capitole est au bout de la rue Romiguières. Ici, les slogans commencent à fleurir. Au-dessus des arcades, une banderole : "Mélenchon, enfant des Lumières, le peuple est avec toi". Un digne héritier des Lumières, en effet, et un discours ô combien éclairant ! Le monde afflue désormais sur la place. Du fond de la rue du Taur, où flotte encore le parfum de mes facéties estudiantines, les drapeaux s’agitent. Bientôt la place se retrouve saturée. Etrangement, au sein de cette foule compacte, pas d’animosité. Les petites bousculades, les pieds écrasés par mégarde ou bien les déséquilibres passagers ne font l’objet d’aucun incident. Pas un seul mot de mécontentement sur ces terres où, comme le chantait Nougaro, même les mémés sont pourtant enclines à "la castagne". Chacun a en tête le mot d’ordre de Mélenchon : "on aide à se relever celui qui trébuche". Oui, l’on veut croire à cette société où l’homme ne serait plus un loup pour l’homme et l’on montre à ceux qui nous traitent d’idéalistes comment on le met en application. On ne transforme pas la société avec un programme réaliste. Il faut de l’imagination et de la volonté pour provoquer le changement et ceux qui en sont dépourvus n’ont pas fini de pédaler en mer !
Tandis que le soir tombe sur le Capitole et après quelques réjouissances musicales sur fond de musique de combat, apparaît Jean-Luc Mélenchon à la tribune. Cela fait des heures que je suis là, debout, malgré une santé vacillante, et je me sens légère : ce résistance que la foule scande n’est donc pas un vain mot. Les journalistes cernent la scène, ils sont partout aux fenêtres, ont investi les immeubles de la place et les nombreuses paraboles captent les paroles de lutte qui s’élèvent vers toutes les oreilles ouvertes de la planète. Ces imbéciles de médias qui tentent de nous faire croire qu’on n’aura jamais le choix qu’entre la peste et le choléra ! Le peuple est sensible à ce qui fait sens et l’enfumage ne dure qu’un temps. Combien sommes-nous, maintenant à déplier les journaux en riant ? A nous gausser de l’avis des experts ? Médiacrates et manipulateurs de l’opinion en tout genre, méfiez-vous ! Quand la masse, devient critique, il y a danger d’explosion…
Ne renoncez surtout pas au plaisir d’écouter l’intervention de Jean-Luc Mélenchon à Toulouse.
Plus de photos de Toulouse ici.
Les festivités continuent dans notre belle Ville Rose avec la fête de l’Humanité les 2 et 3 juin 2012.