Tea-time at Miss Tigri's
Ça y est ! La nouvelle est tombée vendredi dernier, le verdict est sans appel : je suis condamnée à un mois de chambre stérile, ferme ! Et contrairement aux lois ordinaires de la détention, pas de remise de peine, même sous prétexte de bonne conduite. Au contraire : la peine est susceptible d’être aggravée en cas de dysfonctionnements tels que : paresse de la moelle osseuse, absence totale d’énergie de la part des globules blancs, poussée de fièvre, hyperactivité des mucites et autres champignons ravageurs ennemis de notre cavité buccale.
Certains amis, qui ont toujours le mot pour rire (jaune !) s’empressent de me dire : "Bôôh, tu verras, un mois, ça passe vite ! Et puis, tu nous reviendras en pleine forme !". Je sens donc que des précisions s’imposent. Tout d’abord, tordre le cou à une idée certes rassurante mais complètement fausse : greffe n’est en aucun cas synonyme de guérison. C’est un espoir, pas une certitude. D’autre part, un mois, ça passe vite quand on est libre et en bonne santé, pas quand on est incarcéré et imbibé de produits qui réduiraient en poudre la carcasse d’un mammouth. Enfin, revenir en pleine forme, il faut le dire vite… L’hôpital, on sait quand et comment on y rentre, on ne sait ni quand ni dans quel état on en ressort. Encore une règle à ne pas perdre de vue.
Sombre, moi ? Mais pas du tout ! Vous n’imaginez pas la saveur et l’intensité des minutes que je vis ! La lumière et l’ombre des feuillages dans le jardin, une silhouette féline sur un muret, un bon bouquin, le simple bonheur d’ouvrir sa fenêtre le matin… Autant de plaisirs dont je serai temporairement privée et que je souhaite à tous de pouvoir longtemps apprécier. Et les cookies ? Vous ai-je parlé des cookies ? Ceux que j’ai préparés hier et dont il ne reste que des miettes aujourd’hui ? Ah, le partage des cookies avec les voisins ! Encore une cène, pardon, une scène de félicité suprême ! Allez, un mois, c’est long pour les captifs mais comme disait le fou qui se tapait sur la tête avec un marteau : "Dieu que c’est bon quand ça s’arrête !".
Alors à bientôt, j’espère, pour un nouveau "tea-time at Miss Tigri’s" !